Texte pour la toile brune
Et l'univers s'est ouvert à moi!
(Quelle affirmation, bon sang, est-ce possible? en un clin d'oeil; en quatre petits mois)
Un nu indien (ce soir, j'ai peint)
Alors, dès un retour de voyage, j'ai peint cette énorme toile brune, couleur d'un plancher indien. Je revenais de l'Inde. Ainsi, je recouvrais une toile antérieure, sur laquelle j'avais peint des cocos de Pâques. On les voit encore un peu, à la manière d'un palimpseste. Le brun suggère l'Inde, certes, mais aussi le chocolat dessous. Les œufs étaient décorés de toutes les couleurs qu'on retrouve, en Inde, sur les vêtements traditionnels que portent les femmes. La femme indienne est un sujet énorme, à découvrir. Il fera, sous peu, couler beaucoup d'encre, et, je reviens à la peinture. Elle est sobre et dépassée, dénuée de sens, à part celui qu'on lui donne spontanément. Elle cache quelque chose mais, en revanche, elle en révèle une autre. Elle tergiverse entre les deux. Elle est victime des projections des autres. Elle est l'esclave de celui qui l'achète. Elle ne vaut rien parce qu'elle ne fait rien. Elle se contente de se faire contempler. On reconnaît qu'elle a une âme, une sensibilité, bref, elle a une vie.