Texte pour la toile noire
«Tout est possible» écrivait Wassily Kandinsky en 1911. «Pas pour tout le monde», diront d'autres; ce qui laisse croire que le noir est une question de degré.
Le Pigeon, de Patrick Suskind, raconte l'histoire d'un portier, affecté à la banque de France, qui, depuis des années, menait une vie des plus rangée. Alors, un jour, il se trouve qu'un pigeon envahit son appartement, petite mansarde dans les combles de son bloc appartement. Il en fût bouleversé, à tel point qu'il se prît une chambre d'hôtel, le temps que le dilemme se dissout de lui-même. Et cetera, et cetera; il faut, je crois, lire ce livre pour l'apprécier. Toujours est-il qu'il y a une pigeonne au-dessus de ma porte d'entrée, bien juchée, assise sur ses œufs. Chaque fois que j'utilise ma porte, elle s'affole et s'envole, ou cherche à le faire, par la fenêtre, tout près, qui est à moitié entre-ouverte. En se faisant, ne pouvant faire la distinction entre la partie ouverte et celle qui ne l'est pas, la pauvre pigeonne se cogne la tête dans la vitre. C'est un affreux spectacle! J'évite de me servir de cette sortie à présent. Heureusement qu'il y a une autre porte à mon logis et c'est donc par là que j'effectue mes allers-retours. Je suis un tantinet incommodé, mais, cette pauvre pigeonne...que faire, le temps d'une couvée? Attendre avec patience, si ma mémoire est juste.